Bernard Réquichot
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre français (Asnières-sur-Vègre, Sarthe, 1929 – Paris 1961).
De 1947 à 1951, il fréquenta divers ateliers libres, les Arts décoratifs et les Beaux-Arts, où il suivit pendant deux ans des cours de gravure. En même temps, il rédigea le Cahier orange et le Cahier vert (1953-1958), notes et réflexions qui seront publiées, en partie après sa mort, dans l'Arc et dans la N.R.F. Sa première exposition particulière eut lieu en 1955 à Paris, gal. Lucien Durand. Sa palette, alors très sombre, évoque grottes ou cavernes (Au commencement, 1954). Mais bientôt Réquichot se met à expérimenter diverses techniques — " Je révisais mon alphabet ", dira-t-il plus tard —, parmi lesquelles le dessin tient une place importante : dessins à l'écriture " bouclée ", où s'organisent des formes rayonnantes, souvent assez viscérales, à partir d'innombrables et dynamiques ressorts ou spirales.
Ce dynamisme se trouve dans les œuvres bouillonnantes, comme éclatées, de 1957-58 (la Guerre des nerfs, 1958) où se mêlent les techniques du dessin à spirale, des empâtements de peinture et du collage de papiers déchirés. Mais Réquichot, perpétuellement insatisfait, remet constamment en question ses trouvailles. C'est aussi vers cette époque, qu'il introduisit dans ses œuvres des éléments de collages, ou " papiers choisis ", auxquels il s'attachera presque exclusivement par la suite, réalisant, à partir de motifs découpés à un grand nombre d'exemplaires, des compositions très originales (la Moisson des fourmis buissonnières, en papier de reliure, 1958) qui prendront plus tard un caractère fortement obsessionnel : le Déchet des continents (1961, Paris, gal. Daniel Cordier). Entre-temps (v. 1960) pennent place les Reliquaires, boîtes ou vitrines chargées d'objets et de peinture compacte aux couleurs mêlées, d'une forte densité " magique ", ainsi que quelques sculptures patiemment réalisées en anneaux de polyester collés, où se retrouve le thème des entrelacs viscéraux. C'est également en 1960 qu'il réalise sa première toile peinte, collée sur papier et mise en forme, pliée ou boudinée destinée à être suspendue (Portrait, 1961, Paris, M. N. A. M.).
Réquichot exposa en 1957 à la gal. Daniel Cordier et participa à quelques expositions de groupe à Anvers, Wiesbaden, Paris (gal. René Drouin ; Antagonismes au musée des Arts décoratifs). Il se donna la mort en décembre 1961, à la veille de sa seconde exposition chez Cordier. Deux rétrospectives de son œuvre ont eu lieu : gal. Daniel Cordier en 1964 et au C. N. A. C. en 1973. Ses œuvres figurent dans les musées de Mexico, Vienne (musée du XXe Siècle), l'Aquila (Italie), Paris (M. N. A. M. : le Reliquaire de la forêt, 1958).